Le pape des protestants est à Genève et pourtant les médias s'en foutent

GENEVE
A portée de main pour les journalistes romands, le Conseil œcuménique est la voix de 500 millions de croyants. Une ressource peu utilisée.
LV
Rencontre du Comité central du Conseil oecuménique des Eglises en juillet 2014 à Genève
Joel Burri
Une organisation fédérant près de 400 Eglises, pour la plupart issues de la Réforme, et représentant plus d’un demi-milliard de chrétiens pourraient être un véritable pendant protestant à la parole romaine! Basé à Genève, le Conseil œcuménique des Eglises (COE) qui correspond à cette description n’a pourtant été cité qu’une quarantaine de fois dans les médias romands, cette année. «Selon l’institut Media Tenor, 90% des informations religieuses reprises par les journaux télévisés européens et américains ces deux dernières années concernent la seule Eglise catholique romaine. 9% seulement le protestantisme», constatait le magazine Réforme, fin 2014. «Notre enquête montre bien que les Eglises protestantes ne jouent aucun rôle pour les médias, y compris dans des pays à majorité protestante», déclarait Christian Colmer, responsable des études de Media Tenor. Invité par Protestinfo, le sociologue Philippe Gonzalez constatait en 2015 que 7% des sujets traités par l’émission Infrarouge étaient religieux. Mais en 11 ans, aucune émission ne s’est intéressée au protestantisme. Mais pourquoi diable les médias boudent-ils les protestants? «Des valeurs protestantes comme la liberté de conscience, une Eglise démocratique ou une lecture libre des Ecritures, ont trouvé leur place dans la société, et ne sont donc plus rapportées à leur source d’origine», estime Michel Kocher, directeur de Médias-pro, partenaire protestant de RTSreligion. «En outre, le protestantisme réformé contemporain nourrit une certaine méfiance vis-à-vis des communications de masse.» Il ajoute qu’économes en rites, les réformés n’apparaissent «plus vraiment comme une religion!»