Guillaume Farel ou le périple d'un prophète prédicant

HISTOIRE
Pionnier de la Réforme à Neuchâtel et en Pays romand, Guillaume Farel était un homme d’action. Portrait express d’un missionnaire zélé, davantage tribun que théologien.
© Pierre Bohrer
 
Nicolas Bringolf
Né à Gap et mort à Neuchâtel, Guillaume Farel (1489-1565) a très vite rompu avec le catholicisme. Il intègre en 1521 le Groupe de Meaux, ensemble réformiste réuni autour de l’évêque Briçonnet. Mais ses convictions religieuses, proches de Zwingli, l’obligent à émigrer en 1523. «Farel était un prédicateur passionné, courageux et impulsif», note Pierre-Henri Molinghen, théologien et chargé de mission à la Bibliothèque des pasteurs neuchâtelois. «Tout au long de son parcours, il a connu des difficultés liées à sa raideur d’esprit et aux résistances tenaces rencontrées. La violence de son langage et son impétuosité lui ont partout valu des ennemis.» Farel se réfugie à Bâle. Il en est chassé par Erasme en 1524. Il se rend à Montbéliard, qu’il doit aussi quitter. Il trouve asile à Strasbourg, chez les réformateurs Capiton et Bucer. A Berne, en 1525, il tente de rallier les baillages francophones du canton. En 1526, il émigre dans le district d’Aigle. Son incursion automnale de 1529 dans le comté de Neuchâtel avorte. Farel revient l’été suivant. Le 4 novembre, ses méthodes persuadent les bourgeois d’adhérer à la Réforme. Tout en poursuivant son activité itinérante – ralliement des vaudois du Piémont (1532), passage de Genève à la Réforme (1536) –, il dote l’Eglise de Neuchâtel de sa nouvelle structure réformée, dans ligne théologique de Calvin.