Le protestantisme et le fédéralisme, le lien entre liberté et individu

BERNE
Dans le fédéralisme, les décisions reposent principalement sur les instances locales, tout comme dans le protestantisme. Mais quel est leur lien?
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Le serment du Grütli de Jean Renggli (1891)
EJ
«Le lien entre le protestantisme et le fédéralisme est ce rapport à la liberté individuelle», déclare l’historien Olivier Meuwly. «La culture catholique est plus axée sur l’autorité, celle du pape, alors que dans le fédéralisme et le protestantisme, l’autorité va du bas vers le haut», poursuit-il. Par contre, il existe des exceptions. «Le protestantisme a aussi accouché de pays centralisés. Par exemple, la Prusse n’était pas un état fédéral», explique Olivier Meuwly. Pour l’historien, la tempête qui a secoué l’Eglise évangélique réformée vaudoise, à la suite de la grève de la faim du pasteur Daniel Fatzer, entre juin et juillet dernier, démontre bien que le pouvoir ecclésiastique protestant peut être remis en cause par la base. «Du côté catholique, par exemple, on ne remettait même pas en question de la décision de l’Eglise», déclare Olivier Meuwly. De plus, «la multitude de sectes protestantes montre justement l’importance de l’individu. On vit sa foi comme on l’entend», poursuit-il. La religion, un pare-feu «Longtemps, le capitalisme se contrôlait par la morale religieuse», explique le Vaudois. C’est peut-être ce qui manque à notre société? En tout cas, la religion peut être vue comme un garant de la liberté. Comme l’explique Olivier Meuwly, «la liberté individuelle doit avoir des pare-feu, et la religion pourrait, aujourd’hui encore, jouer ce rôle.»