Devenir Eglise minoritaire, un apprentissage délicat

DESTIN
Le déclin des réformés est incontestable. Ce phénomène n’épargne pas l’EREN. Une érosion qui, semble-t-il, n’a pas débouché sur un repli identitaire. Analyse succincte.
@ Pierre Bohrer
Âge moyen des fidèles approche, voire dépasse celui de la retraite
Nicolas Bringolf
Le nombre de réformés ne cesse de fondre dans le canton de Neuchâtel. Ainsi, en moins d’une décennie, leur effectif a diminué de 18%. Ils ne sont désormais qu’un peu plus de 22% de la population, derrière les catholiques-romains. Le programme de législature de l’actuel Conseil synodal n’exprime pas l’espoir d’une recrudescence des membres inscrits dans l’EREN. «Le phénomène de décroissance des Eglises est trop généralisé à grande échelle en Occident pour espérer raisonnablement une inversion prochaine de cette tendance», indique-t-il Le Conseil synodal estime cependant que «le premier souci n’est pas le nombre des membres, mais la transmission fidèle de l’Evangile». Dans cette optique, il se réjouit que l’EREN n’ait pas cédé à la tentation de repli. «Les capacités de réactivité et de créativité ont été manifestes. Il s’agit de poursuivre, dans ce même esprit, la compréhension de ce que signifie être une Eglise fidèle – et donc vivante – dans une société où les chrétiens sont une minorité». Responsabilités ecclésiales Pasteur à la retraite, Pierre-Henri Molinghen a siégé quinze ans au Conseil synodal de l’EREN. Selon lui, outre l’aspect sociologique, ce déclin réformé, dont les prémices dans le canton de Neuchâtel remontent à la fin des années 1970, s’explique aussi par une incapacité de l’Eglise à prendre conscience de l’évolution de la société. Notamment par le fait que tout le monde ne se reconnaît pas nécessairement comme étant membre d’une communauté chrétienne. «Ça demandait à l’Eglise de revoir totalement sa prédication, la manière dont on transmettait le contenu du message chrétien aux nouvelles générations. Bref, d’entrer en contact avec sa communauté religieuse. On vivait sur un acquis, notion encore présente, sans voir que celui-ci était en porte-à-faux. Il est vrai que c’est très difficile de passer d’un rang d’Eglise établie et majoritaire à un statut minoritaire et en concurrence avec d’autres mouvements religieux.»