Des chercheurs confirment le cliché du protestant sérieux en affaires

RECHERCHE
Existe-t-il des facteurs religieux dans l’activité économique? Aujourd’hui encore, des économistes mettent en évidence l’amour des protestants pour le respect des contrats.
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Les protestants sont davantage affectés par les nouvelles financières
Joël Burri
Dans la zone euro, la plupart des pays touchés par la crise de la dette sont catholiques, alors que les pays protestants sont parvenus à y échapper. C’est ce constat qui a poussé Matthias Krapf de la Faculté des hautes études commerciales de l’Université de Lausanne et Adrian Chadi de l’Institut de droit du travail et des relations industrielles dans l’Union européenne (Université de Trier) à étudier les relations entre éthique protestante et économie, un siècle après Max Weber. Dans leur étude publiée en 2015, les deux chercheurs en économie politique ont travaillé sur l’Allemagne, pays où cohabitent les traditions. Des marqueurs montrent des différences confessionnelles. En 2011, lorsqu’ils étaient interviewés les jours suivants de mauvaises nouvelles concernant l’euro, ce sont les protestants qui en étaient le plus enclins à se dire inquiets. Par ailleurs, au sein de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel, les opposants aux aides défendues par la chancelière en faveur de la Grèce étaient... protestants. «Nous avons démontré que les Allemands protestants continuent d’avoir des valeurs sociales différentes des Allemands catholiques. Les catholiques restent plus nombreux à considérer la fraude fiscale comme moralement justifiable. Elle est souvent désignée dans les médias comme une des causes de la crise de la zone euro», écrivent-ils. «Pour un protestant, rompre un contrat est grave, complète Matthias Krapf. C’est peut-être pour cela que le système bancaire s’est pareillement développé dans les zones protestantes. Les réglementations sur les contrats y sont plus strictes.»